Chapitre 1. Cantique des cantiques, de Salomon. Qu'il me baise des baisers de sa bouche! Car ton amour vaut mieux que le vin, Tes parfums ont une odeur suave; Ton nom est un parfum qui se repand; C'est pourquoi les jeunes filles t'aiment. Entraine-moi apres toi! Nous courrons! Le roi m'introduit dans ses appartements... Nous nous egaierons, nous nous rejouirons `a cause de toi; Nous celebrerons ton amour plus que le vin. C'est avec raison que l'on t'aime. Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jerusalem, Comme les tentes de Kedar, comme les pavillons de Salomon. Ne prenez pas garde `a mon teint noir: C'est le soleil qui m'a brulee. Les fils de ma mere se sont irrites contre moi, Ils m'ont faite gardienne des vignes. Ma vigne, `a moi, je ne l'ai pas gardee. Dis-moi, o toi que mon coeur aime, Ou tu fais paitre tes brebis, Ou tu les fais reposer `a midi; Car pourquoi serais-je comme une egaree Pres des troupeaux de tes compagnons? - Si tu ne le sais pas, o la plus belle des femmes, Sors sur les traces des brebis, Et fais paitre tes chevreaux Pres des demeures des bergers. - A ma jument qu'on attelle aux chars de Pharaon Je te compare, o mon amie. Tes joues sont belles au milieu des colliers, Ton cou est beau au milieu des rangees de perles. Nous te ferons des colliers d'or, Avec des points d'argent. - Tandis que le roi est dans son entourage, Mon nard exhale son parfum. Mon bien-aime est pour moi un bouquet de myrrhe, Qui repose entre mes seins. Mon bien-aime est pour moi une grappe de troene Des vignes d'En Guedi. - Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes. - Que tu es beau, mon bien-aime, que tu es aimable! Notre lit, c'est la verdure. - Les solives de nos maisons sont des cedres, Nos lambris sont des cypres. -
Chapitre 2. Je suis un narcisse de Saron, Un lis des vallees. - Comme un lis au milieu des epines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles. - Comme un pommier au milieu des arbres de la foret, Tel est mon bien-aime parmi les jeunes hommes. J'ai desire m'asseoir `a son ombre, Et son fruit est doux `a mon palais. Il m'a fait entrer dans la maison du vin; Et la banniere qu'il deploie sur moi, c'est l'amour. Soutenez-moi avec des gateaux de raisins, Fortifiez-moi avec des pommes; Car je suis malade d'amour. Que sa main gauche soit sous ma tete, Et que sa droite m'embrasse! - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - C'est la voix de mon bien-aime! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines. Mon bien-aime est semblable `a la gazelle Ou au faon des biches. Le voici, il est derriere notre mur, Il regarde par la fenetre, Il regarde par le treillis. Mon bien-aime parle et me dit: Leve-toi, mon amie, ma belle, et viens! Car voici, l'hiver est passe; La pluie a cesse, elle s'en est allee. Les fleurs paraissent sur la terre, Le temps de chanter est arrive, Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier embaume ses fruits, Et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Leve-toi, mon amie, ma belle, et viens! Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, Qui te caches dans les parois escarpees, Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix; Car ta voix est douce, et ta figure est agreable. Prenez-nous les renards, Les petits renards qui ravagent les vignes; Car nos vignes sont en fleur. Mon bien-aime est `a moi, et je suis `a lui; Il fait paitre son troupeau parmi les lis. Avant que le jour se rafraichisse, Et que les ombres fuient, Reviens!... sois semblable, mon bien-aime, A la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes qui nous separent.
Chapitre 3. Sur ma couche, pendant les nuits, J'ai cherche celui que mon coeur aime; Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve... Je me leverai, et je ferai le tour de la ville, Dans les rues et sur les places; Je chercherai celui que mon coeur aime... Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve. Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontree: Avez-vous vu celui que mon coeur aime? A peine les avais-je passes, Que j'ai trouve celui que mon coeur aime; Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lache Jusqu'`a ce que je l'aie amene dans la maison de ma mere, Dans la chambre de celle qui m'a conc,ue. - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - Qui est celle qui monte du desert, Comme des colonnes de fumee, Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens Et de tous les aromates des marchands? - Voici la litiere de Salomon, Et autour d'elle soixante vaillants hommes, Des plus vaillants d'Israel. Tous sont armes de l'epee, Sont exerces au combat; Chacun porte l'epee sur sa hanche, En vue des alarmes nocturnes. Le roi Salomon s'est fait une litiere De bois du Liban. Il en a fait les colonnes d'argent, Le dossier d'or, Le siege de pourpre; Au milieu est une broderie, oeuvre d'amour Des filles de Jerusalem. Sortez, filles de Sion, regardez Le roi Salomon, Avec la couronne dont sa mere l'a couronne Le jour de ses fianc,ailles, Le jour de la joie de son coeur. -
Chapitre 4. Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes, Derriere ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chevres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l'abreuvoir; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est sterile. Tes levres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante; Ta joue est comme une moitie de grenade, Derriere ton voile. Ton cou est comme la tour de David, Batie pour etre un arsenal; Mille boucliers y sont suspendus, Tous les boucliers des heros. Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle, Qui paissent au milieu des lis. Avant que le jour se rafraichisse, Et que les ombres fuient, J'irai `a la montagne de la myrrhe Et `a la colline de l'encens. Tu es toute belle, mon amie, Et il n'y a point en toi de defaut. Viens avec moi du Liban, ma fiancee, Viens avec moi du Liban! Regarde du sommet de l'Amana, Du sommet du Senir et de l'Hermon, Des tanieres des lions, Des montagnes des leopards. Tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancee, Tu me ravis le coeur par l'un de tes regards, Par l'un des colliers de ton cou. Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancee! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates! Tes levres distillent le miel, ma fiancee; Il y a sous ta langue du miel et du lait, Et l'odeur de tes vetements est comme l'odeur du Liban. Tu es un jardin ferme, ma soeur, ma fiancee, Une source fermee, une fontaine scellee. Tes jets forment un jardin, ou sont des grenadiers, Avec les fruits les plus excellents, Les troenes avec le nard; Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, Avec tous les arbres qui donnent l'encens; La myrrhe et l'aloes, Avec tous les principaux aromates; Une fontaine des jardins, Une source d'eaux vives, Des ruisseaux du Liban. Leve-toi, aquilon! viens, autan! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent! -Que mon bien-aime entre dans son jardin, Et qu'il mange de ses fruits excellents! -
Chapitre 5. J'entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancee; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait... -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour! - J'etais endormie, mais mon coeur veillait... C'est la voix de mon bien-aime, qui frappe: -Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite! Car ma tete est couverte de rosee, Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit. - J'ai ote ma tunique; comment la remettrais-je? J'ai lave mes pieds; comment les salirais-je? Mon bien-aime a passe la main par la fenetre, Et mes entrailles se sont emues pour lui. Je me suis levee pour ouvrir `a mon bien-aime; Et de mes mains a degoutte la myrrhe, De mes doigts, la myrrhe repandue Sur la poignee du verrou. J'ai ouvert `a mon bien-aime; Mais mon bien-aime s'en etait alle, il avait disparu. J'etais hors de moi, quand il me parlait. Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve; Je l'ai appele, et il ne m'a point repondu. Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontree; Ils m'ont frappee, ils m'ont blessee; Ils m'ont enleve mon voile, les gardes des murs. Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Si vous trouvez mon bien-aime, Que lui direz-vous?... Que je suis malade d'amour. - Qu'a ton bien-aime de plus qu'un autre, O la plus belle des femmes? Qu'a ton bien-aime de plus qu'un autre, Pour que tu nous conjures ainsi? - Mon bien-aime est blanc et vermeil; Il se distingue entre dix mille. Sa tete est de l'or pur; Ses boucles sont flottantes, Noires comme le corbeau. Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, Se baignant dans le lait, Reposant au sein de l'abondance. Ses joues sont comme un parterre d'aromates, Une couche de plantes odorantes; Ses levres sont des lis, D'ou decoule la myrrhe. Ses mains sont des anneaux d'or, Garnis de chrysolithes; Son corps est de l'ivoire poli, Couvert de saphirs; Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, Posees sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban, Distingue comme les cedres. Son palais n'est que douceur, Et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aime, tel est mon ami, Filles de Jerusalem! -
Chapitre 6. Ou est alle ton bien-aime, O la plus belle des femmes? De quel cote ton bien-aime s'est-il dirige? Nous le chercherons avec toi. Mon bien-aime est descendu `a son jardin, Au parterre d'aromates, Pour faire paitre son troupeau dans les jardins, Et pour cueillir des lis. Je suis `a mon bien-aime, et mon bien-aime est `a moi; Il fait paitre son troupeau parmi les lis. - Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, Agreable comme Jerusalem, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannieres. Detourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chevres, Suspendues aux flancs de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis, Qui remontent de l'abreuvoir; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est sterile. Ta joue est comme une moitie de grenade, Derriere ton voile... Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines, Et des jeunes filles sans nombre. Une seule est ma colombe, ma parfaite; Elle est l'unique de sa mere, La preferee de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse; Les reines et les concubines aussi, et elles la louent. - Qui est celle qui apparait comme l'aurore, Belle comme la lune, pure comme le soleil, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannieres? - Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir la verdure de la vallee, Pour voir si la vigne pousse, Si les grenadiers fleurissent. Je ne sais, mais mon desir m'a rendue semblable Aux chars de mon noble peuple. - Reviens, reviens, Sulamithe! Reviens, reviens, afin que nous te regardions. -Qu'avez-vous `a regarder la Sulamithe Comme une danse de deux choeurs?
Chapitre 7. Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince! Les contours de ta hanche sont comme des colliers, Oeuvre des mains d'un artiste. Ton sein est une coupe arrondie, Ou le vin parfume ne manque pas; Ton corps est un tas de froment, Entoure de lis. Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle. Ton cou est comme une tour d'ivoire; Tes yeux sont comme les etangs de Hesbon, Pres de la porte de Bath Rabbim; Ton nez est comme la tour du Liban, Qui regarde du cote de Damas. Ta tete est elevee comme le Carmel, Et les cheveux de ta tete sont comme la pourpre; Un roi est enchaine par des boucles!... Que tu es belle, que tu es agreable, O mon amour, au milieu des delices! Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins `a des grappes. Je me dis: Je monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des pommes, Et ta bouche comme un vin excellent,... -Qui coule aisement pour mon bien-aime, Et glisse sur les levres de ceux qui s'endorment! Je suis `a mon bien-aime, Et ses desirs se portent vers moi. Viens, mon bien-aime, sortons dans les champs, Demeurons dans les villages! Des le matin nous irons aux vignes, Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre, Si les grenadiers fleurissent. L`a je te donnerai mon amour. Les mandragores repandent leur parfum, Et nous avons `a nos portes tous les meilleurs fruits, Nouveaux et anciens: Mon bien-aime, je les ai gardes pour toi.
Chapitre 8. Oh! Que n'es-tu mon frere, Allaite des mamelles de ma mere! Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais, Et l'on ne me mepriserait pas. Je veux te conduire, t'amener `a la maison de ma mere; Tu me donneras tes instructions, Et je te ferai boire du vin parfume, Du mout de mes grenades. Que sa main gauche soit sous ma tete, Et que sa droite m'embrasse! - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - Qui est celle qui monte du desert, Appuyee sur son bien-aime? -Je t'ai reveillee sous le pommier; L`a ta mere t'a enfantee, C'est l`a qu'elle t'a enfantee, qu'elle t'a donne le jour. - Mets-moi comme un sceau sur ton coeur, Comme un sceau sur ton bras; Car l'amour est fort comme la mort, La jalousie est inflexible comme le sejour des morts; Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, Une flamme de l'Eternel. Les grandes eaux ne peuvent eteindre l'amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas; Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l'amour, Il ne s'attirerait que le mepris. Nous avons une petite soeur, Qui n'a point encore de mamelles; Que ferons-nous de notre soeur, Le jour ou on la recherchera? Si elle est un mur, Nous batirons sur elle des creneaux d'argent; Si elle est une porte, Nous la fermerons avec une planche de cedre. - Je suis un mur, Et mes seins sont comme des tours; J'ai ete `a ses yeux comme celle qui trouve la paix. Salomon avait une vigne `a Baal Hamon; Il remit la vigne `a des gardiens; Chacun apportait pour son fruit mille sicles d'argent. Ma vigne, qui est `a moi, je la garde. A toi, Salomon, les mille sicles, Et deux cents `a ceux qui gardent le fruit! - Habitante des jardins! Des amis pretent l'oreille `a ta voix. Daigne me la faire entendre! - Fuis, mon bien-aime! Sois semblable `a la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes des aromates!
Chapitre 2. Je suis un narcisse de Saron, Un lis des vallees. - Comme un lis au milieu des epines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles. - Comme un pommier au milieu des arbres de la foret, Tel est mon bien-aime parmi les jeunes hommes. J'ai desire m'asseoir `a son ombre, Et son fruit est doux `a mon palais. Il m'a fait entrer dans la maison du vin; Et la banniere qu'il deploie sur moi, c'est l'amour. Soutenez-moi avec des gateaux de raisins, Fortifiez-moi avec des pommes; Car je suis malade d'amour. Que sa main gauche soit sous ma tete, Et que sa droite m'embrasse! - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - C'est la voix de mon bien-aime! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines. Mon bien-aime est semblable `a la gazelle Ou au faon des biches. Le voici, il est derriere notre mur, Il regarde par la fenetre, Il regarde par le treillis. Mon bien-aime parle et me dit: Leve-toi, mon amie, ma belle, et viens! Car voici, l'hiver est passe; La pluie a cesse, elle s'en est allee. Les fleurs paraissent sur la terre, Le temps de chanter est arrive, Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes. Le figuier embaume ses fruits, Et les vignes en fleur exhalent leur parfum. Leve-toi, mon amie, ma belle, et viens! Ma colombe, qui te tiens dans les fentes du rocher, Qui te caches dans les parois escarpees, Fais-moi voir ta figure, Fais-moi entendre ta voix; Car ta voix est douce, et ta figure est agreable. Prenez-nous les renards, Les petits renards qui ravagent les vignes; Car nos vignes sont en fleur. Mon bien-aime est `a moi, et je suis `a lui; Il fait paitre son troupeau parmi les lis. Avant que le jour se rafraichisse, Et que les ombres fuient, Reviens!... sois semblable, mon bien-aime, A la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes qui nous separent.
Chapitre 3. Sur ma couche, pendant les nuits, J'ai cherche celui que mon coeur aime; Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve... Je me leverai, et je ferai le tour de la ville, Dans les rues et sur les places; Je chercherai celui que mon coeur aime... Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve. Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontree: Avez-vous vu celui que mon coeur aime? A peine les avais-je passes, Que j'ai trouve celui que mon coeur aime; Je l'ai saisi, et je ne l'ai point lache Jusqu'`a ce que je l'aie amene dans la maison de ma mere, Dans la chambre de celle qui m'a conc,ue. - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - Qui est celle qui monte du desert, Comme des colonnes de fumee, Au milieu des vapeurs de myrrhe et d'encens Et de tous les aromates des marchands? - Voici la litiere de Salomon, Et autour d'elle soixante vaillants hommes, Des plus vaillants d'Israel. Tous sont armes de l'epee, Sont exerces au combat; Chacun porte l'epee sur sa hanche, En vue des alarmes nocturnes. Le roi Salomon s'est fait une litiere De bois du Liban. Il en a fait les colonnes d'argent, Le dossier d'or, Le siege de pourpre; Au milieu est une broderie, oeuvre d'amour Des filles de Jerusalem. Sortez, filles de Sion, regardez Le roi Salomon, Avec la couronne dont sa mere l'a couronne Le jour de ses fianc,ailles, Le jour de la joie de son coeur. -
Chapitre 4. Que tu es belle, mon amie, que tu es belle! Tes yeux sont des colombes, Derriere ton voile. Tes cheveux sont comme un troupeau de chevres, Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues, Qui remontent de l'abreuvoir; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est sterile. Tes levres sont comme un fil cramoisi, Et ta bouche est charmante; Ta joue est comme une moitie de grenade, Derriere ton voile. Ton cou est comme la tour de David, Batie pour etre un arsenal; Mille boucliers y sont suspendus, Tous les boucliers des heros. Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle, Qui paissent au milieu des lis. Avant que le jour se rafraichisse, Et que les ombres fuient, J'irai `a la montagne de la myrrhe Et `a la colline de l'encens. Tu es toute belle, mon amie, Et il n'y a point en toi de defaut. Viens avec moi du Liban, ma fiancee, Viens avec moi du Liban! Regarde du sommet de l'Amana, Du sommet du Senir et de l'Hermon, Des tanieres des lions, Des montagnes des leopards. Tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancee, Tu me ravis le coeur par l'un de tes regards, Par l'un des colliers de ton cou. Que de charmes dans ton amour, ma soeur, ma fiancee! Comme ton amour vaut mieux que le vin, Et combien tes parfums sont plus suaves que tous les aromates! Tes levres distillent le miel, ma fiancee; Il y a sous ta langue du miel et du lait, Et l'odeur de tes vetements est comme l'odeur du Liban. Tu es un jardin ferme, ma soeur, ma fiancee, Une source fermee, une fontaine scellee. Tes jets forment un jardin, ou sont des grenadiers, Avec les fruits les plus excellents, Les troenes avec le nard; Le nard et le safran, le roseau aromatique et le cinnamome, Avec tous les arbres qui donnent l'encens; La myrrhe et l'aloes, Avec tous les principaux aromates; Une fontaine des jardins, Une source d'eaux vives, Des ruisseaux du Liban. Leve-toi, aquilon! viens, autan! Soufflez sur mon jardin, et que les parfums s'en exhalent! -Que mon bien-aime entre dans son jardin, Et qu'il mange de ses fruits excellents! -
Chapitre 5. J'entre dans mon jardin, ma soeur, ma fiancee; Je cueille ma myrrhe avec mes aromates, Je mange mon rayon de miel avec mon miel, Je bois mon vin avec mon lait... -Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d'amour! - J'etais endormie, mais mon coeur veillait... C'est la voix de mon bien-aime, qui frappe: -Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, Ma colombe, ma parfaite! Car ma tete est couverte de rosee, Mes boucles sont pleines des gouttes de la nuit. - J'ai ote ma tunique; comment la remettrais-je? J'ai lave mes pieds; comment les salirais-je? Mon bien-aime a passe la main par la fenetre, Et mes entrailles se sont emues pour lui. Je me suis levee pour ouvrir `a mon bien-aime; Et de mes mains a degoutte la myrrhe, De mes doigts, la myrrhe repandue Sur la poignee du verrou. J'ai ouvert `a mon bien-aime; Mais mon bien-aime s'en etait alle, il avait disparu. J'etais hors de moi, quand il me parlait. Je l'ai cherche, et je ne l'ai point trouve; Je l'ai appele, et il ne m'a point repondu. Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontree; Ils m'ont frappee, ils m'ont blessee; Ils m'ont enleve mon voile, les gardes des murs. Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Si vous trouvez mon bien-aime, Que lui direz-vous?... Que je suis malade d'amour. - Qu'a ton bien-aime de plus qu'un autre, O la plus belle des femmes? Qu'a ton bien-aime de plus qu'un autre, Pour que tu nous conjures ainsi? - Mon bien-aime est blanc et vermeil; Il se distingue entre dix mille. Sa tete est de l'or pur; Ses boucles sont flottantes, Noires comme le corbeau. Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux, Se baignant dans le lait, Reposant au sein de l'abondance. Ses joues sont comme un parterre d'aromates, Une couche de plantes odorantes; Ses levres sont des lis, D'ou decoule la myrrhe. Ses mains sont des anneaux d'or, Garnis de chrysolithes; Son corps est de l'ivoire poli, Couvert de saphirs; Ses jambes sont des colonnes de marbre blanc, Posees sur des bases d'or pur. Son aspect est comme le Liban, Distingue comme les cedres. Son palais n'est que douceur, Et toute sa personne est pleine de charme. Tel est mon bien-aime, tel est mon ami, Filles de Jerusalem! -
Chapitre 6. Ou est alle ton bien-aime, O la plus belle des femmes? De quel cote ton bien-aime s'est-il dirige? Nous le chercherons avec toi. Mon bien-aime est descendu `a son jardin, Au parterre d'aromates, Pour faire paitre son troupeau dans les jardins, Et pour cueillir des lis. Je suis `a mon bien-aime, et mon bien-aime est `a moi; Il fait paitre son troupeau parmi les lis. - Tu es belle, mon amie, comme Thirtsa, Agreable comme Jerusalem, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannieres. Detourne de moi tes yeux, car ils me troublent. Tes cheveux sont comme un troupeau de chevres, Suspendues aux flancs de Galaad. Tes dents sont comme un troupeau de brebis, Qui remontent de l'abreuvoir; Toutes portent des jumeaux, Aucune d'elles n'est sterile. Ta joue est comme une moitie de grenade, Derriere ton voile... Il y a soixante reines, quatre-vingts concubines, Et des jeunes filles sans nombre. Une seule est ma colombe, ma parfaite; Elle est l'unique de sa mere, La preferee de celle qui lui donna le jour. Les jeunes filles la voient, et la disent heureuse; Les reines et les concubines aussi, et elles la louent. - Qui est celle qui apparait comme l'aurore, Belle comme la lune, pure comme le soleil, Mais terrible comme des troupes sous leurs bannieres? - Je suis descendue au jardin des noyers, Pour voir la verdure de la vallee, Pour voir si la vigne pousse, Si les grenadiers fleurissent. Je ne sais, mais mon desir m'a rendue semblable Aux chars de mon noble peuple. - Reviens, reviens, Sulamithe! Reviens, reviens, afin que nous te regardions. -Qu'avez-vous `a regarder la Sulamithe Comme une danse de deux choeurs?
Chapitre 7. Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince! Les contours de ta hanche sont comme des colliers, Oeuvre des mains d'un artiste. Ton sein est une coupe arrondie, Ou le vin parfume ne manque pas; Ton corps est un tas de froment, Entoure de lis. Tes deux seins sont comme deux faons, Comme les jumeaux d'une gazelle. Ton cou est comme une tour d'ivoire; Tes yeux sont comme les etangs de Hesbon, Pres de la porte de Bath Rabbim; Ton nez est comme la tour du Liban, Qui regarde du cote de Damas. Ta tete est elevee comme le Carmel, Et les cheveux de ta tete sont comme la pourpre; Un roi est enchaine par des boucles!... Que tu es belle, que tu es agreable, O mon amour, au milieu des delices! Ta taille ressemble au palmier, Et tes seins `a des grappes. Je me dis: Je monterai sur le palmier, J'en saisirai les rameaux! Que tes seins soient comme les grappes de la vigne, Le parfum de ton souffle comme celui des pommes, Et ta bouche comme un vin excellent,... -Qui coule aisement pour mon bien-aime, Et glisse sur les levres de ceux qui s'endorment! Je suis `a mon bien-aime, Et ses desirs se portent vers moi. Viens, mon bien-aime, sortons dans les champs, Demeurons dans les villages! Des le matin nous irons aux vignes, Nous verrons si la vigne pousse, si la fleur s'ouvre, Si les grenadiers fleurissent. L`a je te donnerai mon amour. Les mandragores repandent leur parfum, Et nous avons `a nos portes tous les meilleurs fruits, Nouveaux et anciens: Mon bien-aime, je les ai gardes pour toi.
Chapitre 8. Oh! Que n'es-tu mon frere, Allaite des mamelles de ma mere! Je te rencontrerais dehors, je t'embrasserais, Et l'on ne me mepriserait pas. Je veux te conduire, t'amener `a la maison de ma mere; Tu me donneras tes instructions, Et je te ferai boire du vin parfume, Du mout de mes grenades. Que sa main gauche soit sous ma tete, Et que sa droite m'embrasse! - Je vous en conjure, filles de Jerusalem, Ne reveillez pas, ne reveillez pas l'amour, Avant qu'elle le veuille. - Qui est celle qui monte du desert, Appuyee sur son bien-aime? -Je t'ai reveillee sous le pommier; L`a ta mere t'a enfantee, C'est l`a qu'elle t'a enfantee, qu'elle t'a donne le jour. - Mets-moi comme un sceau sur ton coeur, Comme un sceau sur ton bras; Car l'amour est fort comme la mort, La jalousie est inflexible comme le sejour des morts; Ses ardeurs sont des ardeurs de feu, Une flamme de l'Eternel. Les grandes eaux ne peuvent eteindre l'amour, Et les fleuves ne le submergeraient pas; Quand un homme offrirait tous les biens de sa maison contre l'amour, Il ne s'attirerait que le mepris. Nous avons une petite soeur, Qui n'a point encore de mamelles; Que ferons-nous de notre soeur, Le jour ou on la recherchera? Si elle est un mur, Nous batirons sur elle des creneaux d'argent; Si elle est une porte, Nous la fermerons avec une planche de cedre. - Je suis un mur, Et mes seins sont comme des tours; J'ai ete `a ses yeux comme celle qui trouve la paix. Salomon avait une vigne `a Baal Hamon; Il remit la vigne `a des gardiens; Chacun apportait pour son fruit mille sicles d'argent. Ma vigne, qui est `a moi, je la garde. A toi, Salomon, les mille sicles, Et deux cents `a ceux qui gardent le fruit! - Habitante des jardins! Des amis pretent l'oreille `a ta voix. Daigne me la faire entendre! - Fuis, mon bien-aime! Sois semblable `a la gazelle ou au faon des biches, Sur les montagnes des aromates!